Introvertiges

Textes de Pierre-Guillaume Vuillecard

Une âme sensible vagabonde
En compagnie d’intuitions
Se laisse aller vers Ailleurs
Au gré des imaginations
S’égare librement dans l’émoi
À la rencontre de subtils états
Qu’elle appréhende en douceur
Pour révéler leurs secrets

Sommaire

Équinoxe | Fleur bleue | Chaos | Azerty | Copocabana | Diabolo | Cumulus | Vertiges | Oasis | Filoglyphe | Insaisissable | Menu | Oubli | Évasion | Bristol | Nicotine | Plaisance | Sur ligne | Le chant des verges | L'amer me tue | Libération | Valentine | Antonymie appliquée | Riz alto | Vers où | Saint-Cloud Vérimeutche | Miro | Ariane | Trois roses carmin | Tac-tic

Équinoxe

La mer était si basse
Que j’ai dû m’accroupir
Pour l’embrasser

Fleur bleue

Ciel il bleut ! lance la centaurée du haut de sa montagne d’or
L’éclair tonne trois fois en écho fissurant l’Ether qui devient foudre
Une étoile étourdie se perd dans les méandres de la nuit
Comète à queue de pie surprise par un ouragan de panique
Dans un silence de chute Eole tombe et meurt d’ennui
En sanglots céruléens de désespoir Arné se jette à ses pieds
Son souffle court ravive la flamme du fils victime de s’être laisser aller
D’un bond le vent se lève et enfile un bleu de travail délavé
Il range précieusement le blues dans sa collection de vinyls rayés
Un courant d’air l’emmène vaquer à ses occupations princières
Sifflotant par-dessous l’orage le zéphyr fait frémir les bleuets

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Chaos

La Terre tourne comme une tête ronde
D’avoir trop bu de hash deux eaux
Autour d’un soleil à réactions thermonucléaires
Projetant des uvés cancérigènes pour sa peau
Dans le jet laiteux d’une galaxie
Au sein d’un univers en exponentielle expansion
Reste immobile et contemple le chaos
S’équilibrer en son indicible mouvement

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Azerty

Quel caractère cette clé de sol
Elle a dû se cacher quelque part
Derrière une touche de mon clavier
En attendant que la coquine daigne se montrer
Il pleut des arobases à s’en hashtaguer la cédille
Trempé jusquà l’O majuscule
Le point s’ébroue la virgule
Entre deux parenthèses
Plante ses deux collègues jumeaux
Et ouvre grand les guillemets
L’accent est grave appelons la police
Hymnus pour sûr la fera chanter
Une rapide gougueulisation lui donne raison
Ladite fonte s’installe dans le répertoire en question
Je n’ai plus qu’à m’exclamer
Pour découvrir le sésame sur sa portée

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Copocabana

Sur leur page d’ivoire africain
Les peaux colorées de Copocabana
S’offrent aux crayons du soleil
En défiant les lames de l’océan
Dans le carnaval de sciure
D’un pin amèrement sucré

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Lâché prise

En droite ligne d’un lendemain gauche
Se détache du Léman
Une vague à l’âme d’enfant
Qu’aucune mer ne saurait mieux porter

Le pas si sûr d’avoir envie hésite à se poser
De peur de perdre pieds et tête
Laissant fuir ses sentiments
Au rythme d’un doute à doute

Il ose
Et de ne pas choir en reste tout chose
Comme vous, souvenez-vous
La première fois que vous avez marché

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Diabolo

Des flammes de désir lèchent la peau qui crépite
Les cils ont tant fondu que l’œil dévie de son orbite
Dans les veines tendues se boudine un sang bouilli
La chair calcinée de honte se dérobe en cendres
Les os sifflent une plainte horrible à un rythme d’enfer
Des braises enfoncent leur dard dans un dos décharné
La douleur est si intense qu’elle ne se sent plus
L’être rongé d’amertume se consume en fumée
La mort torture cette âme où brûle à jamais l’envie

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Cumulus

Changement d’état d’esprit dans le corps céleste
Agitation d’eau déminéralisée au grand air
Métamorphose animalière en danse de geste
Formation de blancs d’ouate montés en neige
Départ imminent vers la haute atmosphère
Mystère en boule de crème fouettée au sucre glace
Parasol automobile à géométrie variable
Modelage au gré de vents contraires
Fuite de gaz ou pet de nonne que sais-je
Cachette idéale pour séraphins en goguette
Accumulateur de mousse à raser le bleu des fraises
Présage heureux mariage pluvieux
Personnage polymorphe au caractère évasif
Séducteur infidèle sitôt venu déjà disparu

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Vertiges

Le vert luisant de Basse-Terre s’allume la tête à l’envers en sirotant un grand verre
De Molo-Molo, son cocktail préféré à base d’alcool de noix de coco
Le vert à soie trace sa route à travers la steppe vénitienne
Sur les conseils en vison de l’illustre guide touristique Marco Polo
Le vert satile passe du vert galant au vert anglais
En moins temps qu’il n’en faut à un tambour
Pour changer un major de l’armée du salut en majorette à plumes de lapin
Le vert rabien qui verra le dernier met ses lunettes avec un chausse-pieds
Il marche le plus loin possible en direction du bout de son nez
Le vert émeraude se fait polir le caillou par un tailleur véreux
Se prétendant conducteur de manège à bijoux de famille nombreuse
Le vert solitaire ne craint qu’une chose : que le vermifuge lui tombe sur la tête
Avant son petit-déjeuner continental aux crevettes
Le vert-à-bras a une grande gueule mais n’en mène pas large
Entre deux camions rouge quand le feu passe au vert
Le vert-de-gris vous transforme une casserole en Statue de la Liberté
En trois coups de cuiller à chapeau de paille de fer alors si vous en voyez un se pointer
Rentrez vite les lames oxydables dans vos couteaux pas suisses
Le vert rond de ses yeux m’a rendu si vert et bleu que pour le prix de l’un j’ai pris les deux
Le vert-ridique fausse toutes les pistes histoire de vous embrouiller les œufs
Coque jusqu’aux mollets toutefois ne soyez pas trop dur avec lui
Il a l’omelette tellement fragile
Le vert Onèse accroché dans mon cabinet de toilette est une pâle copie
Fort heureusement d’ailleurs car ma galerie intime est bien trop exiguë
Pour espérer y introduire une croûte originale dudit maître
Le vert est dans le fruit et le pépin dans le parapluie
Fait glisser la peau de sa banane un soir de déluge antédiluvien
Comme on n’en voit que dans les films coréens aux budgets pharaoniques
Le vert-tige psycho-pathologique se distingue du vert-tigo dingo-amoureux
Par son odeur caractéristique de foie de varan de Comodo séché
Le vert-tébré parisien également appelé bobo
Regrette de pas être un mollusque genre concombre de mer tellement son dos
Coincé – surtout en bas - le fait souffrir lorsqu’il remonte la rue des Martyrs
En léchant les vitrines des vendeurs de macarons vert pistache amande ou pomme
Et d’autres boboseries de n’importe quelle vert
Pourvu qu’elles soient scandaleusement mauvais marché

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Oasis

Elle est une île à fleur d’eau
Où s’échouent les imprudences
Ses dunes perlées d’embrun
Parfument l’air en tous sens
Le temps par ses fils ne tient
Qu’à rompre un doux silence

Il étire les ailes de son dos
Engourdi par tant d’errance
Ses plumes ciselées d’or fin
Décrivent des pas de danse
La nuit éclaire le jour éteint
Pour endormir les insouciances

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Filoglyphe

Lorsqu’un carré
Rondement mené
Joue du triangle
Heptagonique
L’infini se tord
Dans un cube de rire

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Insaisissable

Elle a disparu
Comme Elle était apparue
Sans crier gare
Sautant du train en marche
Elle file au sérail
Prend sa poudre d’escampette
Se maquille pour une fête
Où des chanceux peuvent la voir
Exhaler son joli pouvoir
Elle s’est tue
Un point c’est tout

[Pause momentanée d’un certain temps]

Elle est réapparue
Comme Elle avait disparu
Sans crier gare
Retrouvant son entrain
Elle remonte l’histoire
Jusqu’au chapitre en suspend
Prise d’un mystérieux élan
Adresse un doux message
À faire douter le plus sage
Et tend son cou
Sûre de son coup

[Décalage horaire de quelques jours]

Elle a redisparu
Comme Elle était revenue
Sans crier gare
Elle marche, arrête, marche, arrête
Sa lumière clignotante
Sans raison va et vient
Sa flamme intermittente
S’en rêva et revient
Ses éclairs en permanence
Brillent en son absence
Pas tout à fait, mais presque

[Réflexion nocturne portant conseil]

Elle est une source inépuisable
De lumière et d’obscurité

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Au menu du jouir à l’Auberge des doux amours
Picotis de canaillette aux pommes pompompadour
Pinces d’épices en caresse de désidératatouille
Volutes de gorges déployées aux pointes de scoubidouilles
Vol-au-vent de joliette à la crème de fantaisie
Méli-mélo de guili-guilis au coulis d’extasie
Synopsis de long voyage en douceur de faitoibelle
Sauté de fricanaille et sa turlututute de châpeau pointu
Galipette de printemps à l’huile essentielle de cuquelicut
Rigolettis aux quatre fers en l’air à ma façon – pour deux
Carambole de cochon de lait à la mords-moi-le-nœud
Endiablie dithyrambique en chœur de sirène
Nectar de mangue-abricot des îles lointaines
Rêverie de Venus au zeste de septième ciel
Croquant frivole flambé à la liqueur d’andromiel

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Oubli

Une à une les couleurs des émotions s’estompent
Peu à peu la pile des sentiments s’efface
Tour à tour les murmures de la mémoire s’écroulent
Un à un les souvenirs d’extase s’éloignent
Jour après jour les rayons du désir s’adoucissent
Pas à pas les délices de la tentation s’exilent
Corps à corps la lutte contre la pensée s’effondre
Face à face les remords dans la chair s’évanouissent

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Évasion

Dans le jardin j’ai planté palmes masque et tuba
Je m’y plonge souvent pour voir toutes ses couleurs

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Bristol

J’ai reçu un pétale d’invitation
Au bal annuel des macaons
Sans tarder mes ailes je poudre
En perspective du coup de foudre
Pour m’envoyer là-bas en l’air
Le ventilateur fera l’affaire
Qu’importe la grève des aiguilleurs
Le ciel appartient aux volplaneurs

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Nicotine

Ce soir, tandis que ma blonde se la coule dur à Paris
Non pas quai des brumes, mais porte d’Ivry
Me revient l’odeur de Paname
Du temps où j’allumais brune sur brune
Sans filtre
Leurs volutes lèchent la vitre du flipper
Qui dingue-dongue au passage de la boule
D’acier
Et claque, parfois, d’un coup sec
Dans le café embrumé où chaque table a son habitué
Au bar, accoudé sur le zinc, un pied sur le laiton
Le ballon de côte sur le pouce jette un œil sur la fausse rousse
Qui vide ses cartouches derrière la caisse
Sur la façade du péhèmu bondé ce dimanche
La carotte reste heureusement allumée
Toute la sainte journée
Les désœuvrés professionnels s’enfilent à queue
Leu-leu
Au guichet, les mains pleines de tickets invalides
Têtes en l’air
Les yeux rivés sur une course zitronée, l’air hagard
D’espoir, de désespoir ?
Allez !
Vas y Belle de jour à sept contre un placée gagnante
Le pingouin gominé entrechoque des tasses
Sûrement incassables
Un sifflement de percolateur fait mousser du chocolat
Je tire une latte sur ma Gauloise
Assez longue pour bitumer deux poumons
La nausée me sort par les naseaux
Une horse de canassons harassés n’en finit plus de s’arrêter
Sur son dos, la bande de jockeys rayés et à pois galope
Visière baissée et popotin en l’air
J’écrase la tige du bout du pied
J’en ai ma dose de ces civilités
Je glisse le casque ailé encore dur d’être quasi plein
Dans la poche de mes souvenirs
Et me fraye une issue de secours pour retourner au présent

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Plaisance

Réveil matin bon pied marin rayons de ciel soleil tout bleu
Brise légère appel du large sors de ta cage chant de sirène
Larguées amarres prendre la mer et voilà parti mon kiki
Voiles dehors cheveux au vent trois quarts arrière avenir devant
Roule ma poule défie la houle eh ! pas si vite mon pachyderme
Mer démontée voile déchirée chimère quittée muse envolée
Cœur déchiré songe brisé de vagues à l’âme en lames de fond
Panique sur le pont écoutes débordées barre à bâtribord toute
De fuite en fuite vents en marées bateau s’agite forban qui gite
Dés sont lancés safran brisé sort est jeté ? Non ! mon capitaine
Mutinerie générale à parer virer huiler les coudes choquer les focs
Souquer plus ferme passer la barre suivre le phare rentrer bon port
Croiser pêcheur Martin rêveur parti s’moucher en Amérique
Fil à la canne ver à l’hameçon petit poisson frétille d’argent
Pêcheur rêveur file en Afrique rafiot glissant colle à la vase
Marin d’eau douce jette l’éponge se jette à l’eau pis boit la tasse
Adieu croisière rêve d’illusion fin des asticots end of the idyll
Du comptoir des Flots bleus on entend s’égosiller les mouettes

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Sur ligne

Le calme est plat comme l’horizon

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Le chant des verges

Hommage à Guillaume Appollinaire

Hier soir aux Rencontres Cacophoniques
De Santa-Petersborough-sur-Mer (R.C.S.P.S.M)
L’illustre moissonneur-batteur Hektor Belbith
Pourtant pas né du dernier rut en dos majeur
N’eut d’oreilles que pour l’harmonieux doigté
D’une ravissante joueuse de flûtrombone à coulisse bouché
Originaire du Turkménistan Septentrioriental
[Point à la ligne]
Sa sérénissime interprétation des Noces de Vibescu
Rendit notre mélomane mélodieusement coi
Au point de l’en figer fatalement bouche bée
Une tuerie, en quelque sorte
Si l’on devait décrire la scène avec le solfège imagé
Des compo-instrumentalistes néo-contemporains

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L'amer me tue

La mélancolie s’installe plus présente que jamais
Envahissante comme un brouillard épais
Grise comme une neige salie d’avoir trop attendu
Moite comme les paumes de l’harmattan
Sèche comme une gorge ayant trop bu
Lourde de conséquences incongrues
Lente collante gluante comme une limace baveuse
Une dent craque dans une amande trop dure
Mâchant plus prudemment un abricot sec un peu mou
Je cache mon chagrin à l’arrière de pensées amèrement sucrées

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Libération

Lâche les multiples prises qui électrisent tes émotions
Coupe ces cordons d’alimentation exciteurs d’obsession
Enfourche une étoile filante pour traverser les galaxies
File au bout de tes rêves dans les méandres de la nuit
Branche le gépé-esse en mode post-imagination
Fuis les affres de l’ennui et les douleurs de la passion
Eteints le feu de ta conscience à la lumière du firmament
Plonge dans l’absolu jusqu’au fond de tes sentiments
Oublie-toi oublie-moi oublie-nous oublie tout
Efface la moindre trace de ce désir qui nous a rendus fous
Vide ton être de ce qu’il est pour ne le remplir plus que de rien
Contemple en silence ton univers se réduire à néant
Jette par dessus bord les journaux jaunis d’antan
Efface ton disque dur, ta mémoire vive et tes souvenirs caches
Ouvre un carnet de voyage vierge de pages blanches
Glisse sur le vélin des arches sans y pousser le moindre écrit
Fais toi petit, tout petit, immensément petit
Pose le point que tu es devenu sur la ligne fluide de l’horizon
Savoure cette plénitude que l’équilibre nourrit d’évasion
Fonds-toi dans l’infini à en devenir comme l’air, libre

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Valentine

Dans tes yeux d’un bleu lagon
Je plonge un désir profond
Vers ton âme allègrement je brasse
Tandis que nos esprits s’embrassent

Dans tes cheveux d’un brun marron
Je glisse une caresse tout en rond
Ta chair tendrement se délasse
Nos deux corps sans un cri s’enlacent

Dans tes bras d’un velours blond
J’entreprends une danse de salon
En battant mon cœur te déhanche
D’éclater ton sourire me flanche

Sur tes lèvres d’une fragrance exquise
J’ose confier une gourmandise
Ma passion s’expose au grand jour
Être et avoir ton bel amour

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Antonymie appliquée

Le jour s’est levé en pleine nuit
Une mèche hante la bonne échevelée
Le mort vivant boit sans soif un verre de rouge
Chaud devant peut faire froid dans le dos
Le plein se vide quand le néant se remplit
Ce pauvre riche ne sera plus rien quand il aura tout perdu
Le comble d'un végétarien : manger une plante carnivore
[avec les doigts d’une main verte]
En terme d'ego les petits gros n'ont d'égaux que les gros petits
Le fort aimable cède toujours sa place au faible attirant
Rien de tel que l’eau déshydratée pour altérer une peau sèche
Le yin et le yang est un long film court en noir et blanc
Le beau Népalais adore le thé d’Est
La gentille May chante vraiment faux
Si un point c’est tout alors débute la fin

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Vers où

La porte ouverte sur un rai
Découpe dans l’ombre le portrait
De l’esprit qu’Elle a voulu cage
Pour y enfermer les nuages

Une idée sombre éclaire la place
Murée de pierres de l’antique palace
Édifié jadis à la gloire d’un raïs
Dont la mémoire ne tient qu’à un fils

Au carrefour du palmier Elle aura le choix
D’aller à droite, gauche ou tout droit
Si tant est qu’à grands coups de masse
La liberté ait rouvert l’issue d’en face

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Saint-Cloud Vérimeutche

Le vert-sang sud de la grande Jorasse étant fermé pour cause de faits d’hiver
Les marmots italiens sont priés d’emprunter le vert-sang nord
Pour jouer la sérénade aux marmottes françaises quant à ces dernières
Elles ont formellement intérêt à emprunter la même voie pour exporter
Leur fondue au Sbrinz mais si mais si allons allons inutile de jouer les chochottes
Le mont Blanc vous a vues venir de Suisse l’autre soir alors évitez-nous vos balivernes
Tout le monde est au courant de votre petit trafic de drogue au lait cru fermenté
Le vert-dicte tombe souvent dans le droit chemin et se relève rarement de l’injustice
Qui le condamne perpétuellement à se faire des bosses façon noyaux d’avocats greffés
Le vert du poète est parfois une telle galère à faire rimer qu’il peut être souhaitable
De le titaniquer dans l’oubli avant que son poids d’une lourdeur incommensurable
Ne fasse s’écrouler l’encyclopédie Universalis et la Pléiade toutes entières
Le vert-beuh être est convaincu de son incontournable existence
Tandis que le ver-beuh avoir se croit investi de tous les pouvoirs
Autant dire qu’une conversation à table entre ces deux-là accélère le transit
Le vert-sailles-chantiers regarde railler les trains gris à longueur de journée
Sans véritable entrain ni le moindre espoir qu’un jour il s’en arrêtera un vert
En provenance d’Espagne pour l’emmener visiter les châteaux du Vercors
Le Vert-à-cruz de Zoé a pour principal défaut son penchant pour les plaisirs
Solitaires auxquels il s’adonne tout particulièrement le vendredi
Le vert tical peut monter et descendre ou inversement mais ne sait rien faire d’autre
J’en ai connu un très perturbé par cette contrainte il faut dire
Que sa phobie des ascenseurs l’avait complètement otisté sur place
Le vert roux irlandais ferme à double-tour l’armoire normande en chêne blond
Dans laquelle est planqué le rhum brun antillais de mes tantes Poivre et Sel
Le vert-set le plus court est toujours le meilleur pour un vert à thé agnostique
Alors que c’est le plus long à l’Hôtel du Pratiquant pour un vert missel cul-bénit
Le vert-ni-sage rassemble les amateurs de lard comme la bouse de yack
Attire les mouches vertes c’est ainsi depuis que tout est bon dans le cochon
Et le restera probablement jusqu’à ce que les poules aient les dents vertes
Le vert de table s’abreuve de boissons enivrantes
Puis le vert de chaise-à-postérieur rit

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Miro

Aussi carré soit-il
Un pavé dans la mire
Fera toujours des ronds

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Ariane

Le hasard voulut qu’Eliot naisse à Mondétour
Territoire sacré des longs raccourcis
D’une mère d’huile et d’un père méable
Qui s’étaient rencontrés au tout début
De la galerie de l’évolution
Et vivaient depuis d’azur et d’eau sèche
Au fond de la grotte de Lascaux
Où mine de rien et bon an mal an
Ils avaient fini par faire leur trou
Sorti de nulle part pour aller Dieu sait où
Pourvu que cela soit loin très loin
De ce stalag mythique sentant le renfermé
L’être pris d‘un néant dertalien
Se mit en quête d’un destin
Et tourna un certain nombre de fois
Son aiguille dans sa boussole avant
De choisir une voie toute trouvée
Ce qui ne résolu certes pas l’éternelle question
De savoir d’où nous allons
Mais la relativisa quelque peu

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Trois roses carmin

Dans la pluie de mon insomnie
Se glisse un songe fleuri
Comme le parfum de l’été

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Tac-tic

Où est à présent passé le futur du temps ?
Se pourrait-il que de sitôt j’apprenne à jouer de la Cithare ?
Une petite liqueur digestive m’aiderait-elle à remonter le temps ?
Est-ce pour faire monter le temps en mayonnaise
Que les aiguilles tournent dans l’huile de vinaigre ?
Pourquoi perd-on si proprement patience dans les salles d’attente ?
Quelle est sinon l’heure exacte approximativement la bonne
Pour tuer le temps ?
Je dois vous avouer un crime terrifiant :
Le voyant l’autre jour arriver vers midi je l’ai occis just’avant
Qu’il ne fasse résonner les douze coups de mon horloge interne
C’était son jour sa minute avait sonné à la seconde
Il devrait être trépassé à l’heure qu’il est
Eh bien non que nenni décidément rien ne l’arrête
Il est toujours là à tic-taquer sous mon nez
J’attends toujours et depuis si longtemps que j’ai oublié ce que j’attendais
Ce doit être un des effets secondaires de ma phobie d’Alzeimer
La recherche éperdue de mon temps perdu
me faisant pleurer comme une madeleine
Devrais-je louer à l’année une suite au Grand Hôtel de Cabourg
Dans l’espoir de le retrouver un jour ?
L’impatient se répète continuellement qu’il n’a pas de temps à perdre
Objectivement cette obsession lui en a t-elle jamais fait gagner ?
Le patient pense frénétiquement qu’il a tout son temps
Or combien lui en reste-t-il effectivement ?
L’athée est-il de bonne foi lorsqu’il affirme être seul maître à bord de son temps ?
Comment un hurluberlu convaincu que le temps est une vue de l’esprit
Peut-il se priver d’un éternel avenir pour se contenter d’un éphémère présent ?
Et si en définitive ne rien attendre était le meilleur moyen d’être content ?

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