Point of view

There are those refined artists that need to transform and delicately metamorphose what they see, find and touch into flashes of beauty. Pierre-Guillaume Vuillecard loves flowers. He spends long pleasurable moments composing bouquets or still lives, taking care to arrange them according to colour, the velvety texture of the petals, the originality of the stems and the graphic design of the leaves. He arranges and composes like in the Japanese art of ikebanas, attentive to the inner law that emerges out of his mood and the phases to follow that he anticipates. Indeed, his elaborate floral compositions are photographed over and over again. A work of patience with moments of grace. Then starts the technical work of the photograph. Framing, cropping, cutting, lifting and superposing thin sheets of tracing paper like thin layers of pastry, reducing, refining, till a new skin appears. A new skin made of electrifying light. A sort of stain glass, light and soft, evanescent and glittering at the same time. You spot fluorescent gems like frosty elements in a kaleidoscope. Or is it a studded sky of flowers blooming or bursting forth as seen through half-closed eyes as you doze off on a warm summer day? But you do recognise a few encrusted twigs here and there, small, intertwining pieces of petals, leafy elements crystallised at the bottom of a frozen lake. We picture the surface of this languorous stream full of fine weeds, moss and petals, transparent and quivering, where floats and drifts Ophelia, Hamlet’s loved one. A slow, gentle, poetic process of disintegration arises out of Pierre-Guillaume Vuillecard’s shimmering pictures of soft, infused hues. A song to the wandering dissolution called daydreaming.
Written by Elisabeth Védrenne, journalist and art critic at “Connaissance des Arts”

Point de vue

Il est de ces artistes raffinés qui ne peuvent s’empêcher de transformer ce qu’ils voient, ce qu’ils trouvent ou ce qu’ils touchent, en éclats de beauté. De transmuer toute chose en une plus grande délicatesse. Pierre-Guillaume Vuillecard aime les fleurs. Celles qu’il cueille à la campagne où il a longtemps habité, comme celles qu’il achète soigneusement sur les marchés. Il prend un long temps de plaisir à composer ainsi des bouquets ou des natures mortes, selon les couleurs, leur grain, le velouté des pétales, les singularités des tiges, le graphisme des feuilles. Il accommode, il compose un peu à la manière de l’art des ikebanas japonais, attentif à la loi intérieure qui se dégage de son humeur mais aussi des étapes suivantes qu’il imagine en amont. En effet ses compositions florales extrêmement étudiées vont être photographiées maintes et maintes fois. Travaux de patience, moments de grâce. Puis vient le temps du photographe- technicien qui va œuvrer à l’aide de tous les pouvoirs magiques de Photoshop. Cadrages infinis, on rogne, on découpe, on soulève puis on superpose les fins calques comme de fines pâtes feuilletées, on allège, on raffine, on peaufine l’accumulation de tous ces dermes construits en couches éclatées de photos empilées. On obtient une nouvelle peau. Une peau faite de lumière, exaltant comme jamais la lumière. Une sorte de vitrail léger et tendre, à la fois évanescent et iridescent. On devine quelques gemmes fluorescentes comme les éléments qui explosent dans un kaléidoscope un peu givré. Est-ce un ciel constellé de fleurs en éclosion, en explosion, observé à travers les cils mi-clos d’un abandon à une chaude sieste estivale ? Ou peut-on au contraire y reconnaître quelques brindilles incrustées, un entrelacement de petits morceaux de corolles, de nervures encore feuillues, de quelques éléments végétaux qui se seraient cristallisés, enfouis au fond d’un lac gelé ? On songe à la surface de ce ruisseau empli d’algues fines, de mousses et de pétales, traversée langoureusement de transparences et de tressaillements, là où flotte et dérive Ophélie, l’amoureuse de Hamlet. Les tableaux miroitants aux coloris infusés et tendres de Pierre-Guillaume Vuillecard dégagent la poésie douce d’une lente désagrégation. Un chant à la dissolution voyageuse, celle qu’on appelle rêverie.
Élisabeth Védrenne, journaliste pour Connaissance des Arts